Le télétravail bouleverse la relation manager-collaborateur et son essor déclenche la publication de nombreux articles indiquant comment piloter son équipe à distance, installer un climat de confiance… Même si ces conseils sont pertinents, s’ils ne s’inscrivent pas dans un changement de posture du manager, je crains que ils ne portent pas leurs fruits.

La posture de facilitateur me semble essentielle pour permettre à une équipe d’évoluer en confiance. Dans les projets informatiques, cette notion de facilitation étant souvent associée au Scrum Master ou au Coach Agile, je parlerai plutôt de Collaborative Designer pour éviter la confusion.

Le collaborative designer a pour mission de concevoir un système collaboratif efficace, où chacun peut participer activement. Idéalement, cette casquette est très présente au départ d’un projet pour aider à faire émerger les processus de la collaboration, puis s’efface au fur et à mesure que l’équipe gagne en autonomie.

En prenant ce rôle, le manager n’est plus un acteur du système. Il devient un observateur qui, à l’aide d’outils et de méthodologies, va permettre aux collaborateurs de parler le même langage, de décaler leur regard sur des problématiques, comme un photographe rend visible ce qui ne l’était pas.

le Collaborative Designer est un pilote qui est capable de ne pas savoir.

Il est alors celui ou celle qui questionne, qui ne sait pas et qui s’efforce de ne pas savoir, jusqu’à ce que tous les acteurs soient sur le même terrain de compréhension. Le collaborative designer n’est pas garant de la solution mais garant que le collectif arrive à proposer des solutions pour faire avancer le projet.

La difficulté est que le manager est hiérarchiquement responsable du travail de l’équipe et de l’avancement du projet. Se mettre en observateur, hors de ce système, lui demande un effort particulier et un véritable lâcher-prise.

En fonction des contextes, sa posture va donc osciller entre celle de manager et celle de collaborative designer. Les principes de gouvernance de l’équipe assure une cohérence de fonctionnement malgré cette alternance de posture. Une gouvernance nécessairement en lien avec le reste de l’organisation.

Quelques outils et actions que le manager peut mettre en oeuvre pour faciliter la collaboration :

  • [attitude] – Parler en dernier permet de s’assurer que personne ne sera influencé par ses propos. Dans l’aviation, lors du processus de décision, l’ensemble de l’équipage s’exprime en remontant toute la chaîne hiérarchique, permettant au moins gradé de parler en premier.
  • [moment informel] – le café du confinement : tous les jours, le même créneau horaire où une visio est active, sans aucune obligation de venir. Même si un membre de l’équipe se retrouve seul pendant ce 1/4 d’heure, cela ne l’empêche pas d’avancer sur un sujet jusqu’au passage d’un autre participant. Comme à la pause de la machine à café, il n’est pas rare que des sujets professionnels émergent de la conversation.
  • [feedback] – le R.O.T.I (Return On Time Invest). A la fin d’une visio, chacun évalue la pertinence de sa présence à cette réunion et propose des pistes d’amélioration qu’il pourrait mettre en place pour ne plus avoir l’impression de perdre son temps. (plus d’info sur le ROTI)

De votre côté, comment a évolué votre posture de manager ? Quelles actions avez-vous mises en place pour composer avec la distance ?